De fausses promesses de créations d’emploi

Étude du cas du 95 dans le secteur de Roissy par Jacqueline Lorthiois pour le Collectif pour le Triangle de Gonesse

L’ensemble des maires en campagne électorale a fait pleurer dans les chaumières sur la « grande misère de l’est du Val d’Oise » frappé par une « fracture sociale » grave, un taux de chômage élevé… mais grâce à une amélioration des transports, de grands projets d’emplois centrés sur le développement de Roissy, ces maires qui sont en place depuis des années et qui ont été reconduits dans un record d’abstention (André Toulouse, maire de Roissy depuis 37 ans tout comme le maire d’Ecouen Bernard Angels; Jean-Pierre Blazy, maire de Gonesse depuis 19 ans; François Pupponi, maire de Sarcelles depuis 17 ans; Alain Louis, maire de Goussainville depuis 15 ans, etc…) promettent que cette fois, c’est sûr, ils vont réussir là où ils ont échoué jusqu’ici. La suite dans le document : Emplois Est du 95- V8

Cas particulier de la Tour Triangle

L’argument « emploi » qui est avancé est tout à fait fallacieux

La tour Triangle accueillerait 5000 employés. Or, le 15ème arrondissement possède déjà une pléthore d’activités : avec 165 000 emplois pour 128 000 actifs habitants (y compris les chômeurs), le 15e est en tête des pôles d’emploi de Paris intra-muros, devant des arrondissements qui composent ce qu’on appelle le « quartier central d’affaires » (QCA) comme le huitième ou le 9ème arrondissement. Il représente notamment une forte concentration de grands établissements publics (hôpital Georges Pompidou, siège de la Poste, préfecture de Paris, services des ministères essaimés du 7ème arrondissement, « Pentagone » de la place Balard, parc d’exposition de la Ville de Paris, etc..), des sièges sociaux d’anciens établissements publics privatisés comme France Télécom, Air France… Un pôle d’emploi situé lui-même dans la ville de Paris qui cumule 1,8 millions d’emplois pour 1,2 millions d’actifs dont 1,08 million de travailleurs occupés. Rajouter des activités à ce pôle d’emploi déjà en sureffectif dans une ville qui cumule la plus grosse concentration d’emplois de la région Île-de-France revient à « faire grossir les gros » et « arroser là où il pleut ».

Seulement 50000 actifs résidants du 15ème travaillent sur place, soit 30,7% des emplois. En rajoutant 28 000 habitants venant exercer leur activité d’un autre arrondissement parisien (17%), on constate que moins de la moitié (47,6%) des travailleurs du 15ème habitent la capitale.

Ainsi, le 15e arrondissement n’est pas un pôle d’emploi principalement parisien, mais d’abord le plus gros pôle d’emploi de banlieue localisé à Paris, siphonnant chaque jour une main-d’oeuvre de 86 400 banlieusards. Rajouter dans ces conditions 5000 employés aggrave la gabegie représentée par ces 173 000 flux quotidiens domicile-travail, avec les coûts correspondants en finances et en temps perdu dans les déplacements. Un véritable tonneau des Danaïdes qui réclame des infrastructures de transport toujours plus nombreuses et chères, pendant que des communes de banlieue restent cantonnées à une fonction résidentielle dominante, voire « dortoir », peinant à financer des services aux populations résidantes et à implanter des activités dans ces zones peu attractives.

Sur le tableau joint, on constate que 33 communes de banlieue essentiellement Sud et Ouest fournissent plus de 400 travailleurs au pôle du 15ème arrondissement, certaines assez éloignées ou mal desservies, ne représentant que 17% des emplois. Ce qui signifie une énorme dispersion de l’attraction du 15ème pour les 58 000 actifs de banlieue restants, non comptabilisés dans le tableau.

Au vu de ces chiffres, il est irresponsable de vouloir faire grossir le pôle d’emplois du 15ème arrondissement, aggravant de 6% le déséquilibre Actifs-Emplois déjà considérable.