Stop au transfert d’AgroParisTech de Grignon !
A Grignon, l’école d’ingénieurs AgroParis Tech occupe un site remarquable de près de 500 hectares, avec une ferme expérimentale, un château classé du XVII ème siècle, un arboretum, une carrière géologique de 500 m² riche en fossiles, mondialement connue. Un domaine consacré à l’enseignement agricole depuis près de 2 siècles puis à la recherche depuis la fin du XIX ème en raison des caractéristiques du sol, objet par exemple d’analyse et de comparaison des processus lents de minéralisation de matières organiques sur le long terme.
Un patrimoine public historique, agricole, botanique, géologique dont une partie pourrait être vendue au club de football Paris-Saint-Germain !!!
En effet dans le cadre du projet de regroupement (cluster) sur le plateau de Saclay de grands établissements d’enseignement et d’organismes scientifiques sur le modèle de la Silicon Valley AgroParisTech devrait quitter Grignon et l’Etat a besoin d’argent pour financer ce transfert et les nouvelles constructions à Saclay, d’où le projet d’acquisition par le PSG.
Quitter Grignon pour Saclay : une absurdité pour les personnels, pour la recherche
- La destruction d’une communauté de travail
Dès l’origine, les personnels administratifs, techniciens, ingénieurs et ouvriers de services ont été défavorables au projet, pour différentes raisons : les très longs trajets supplémentaires, la diminution des moyens à l’occasion du regroupement, les locaux plus petits, donc le risque clair d’une dégradation de l’environnement de travail et aussi une forme de paradoxe de quitter pour cela des locaux de recherche flambants neufs livrés sur Grignon en 2002 et 2009 (environ 30 millions d’euros ont été investis sur les 15 dernières années). Déménager Grignon de 35 km c’est détruire une communauté de travail s’inscrivant dans une continuité puisque ancrée dans un patrimoine historique, propriété nationale pour la conduite de travaux agronomiques depuis 1826.
- A Saclay, les chercheurs d’AgroParisTech devraient se contenter de 4 hectares
Avec le transfert à Saclay, les chercheurs de Grignon vont perdre la totalité des terres expérimentales sur Grignon. Dans le même temps, les enseignants d’AgroParisTech et les chercheurs des laboratoires associés à l’INRA déjà positionnés sur le plateau de Saclay, sur le secteur du Moulon à Gif, subissent une réduction des 2/3 de leur terrains expérimentaux, qui passent de 75 à 25 ha du fait de l’urbanisation liée au projet de campus. Il n’existe actuellement aucune possibilité ni offre de récupération de surfaces expérimentales ailleurs sur le plateau, ce qui obligera probablement les chercheurs à retrouver des terrains d’expérimentation …. à plusieurs kilomètres de leurs futurs laboratoires, rendant très difficile et incommode le suivi expérimental dans de telles conditions!
- L’opposition des personnels
Différentes consultations et assemblées générales organisées par une coordination intersyndicale sur les quatre sites franciliens ont montré un très large rejet de ce projet de déménagement à l’horizon 2019/2010. Les directions des établissements n’ont jamais réussi à expliquer aux personnels la plus-value de cette vaste opération de déménagement, Sans cette plus-value mais avec, au contraire, une inévitable paralysie des services et des activités de recherche pendant toute l’année du déménagement, quel intérêt de se lancer dans une telle opération ? Le comité technique d’AgroParisTech a donc rejeté le projet de déplacement à l’unanimité en mars 2015, le comité technique de l’INRA a aussi émis un avis défavorable. Le vote du Conseil d’administration d’AgroParisTech a cependant entériné le projet de transfert à une très faible majorité au printemps 2015. Un recours contentieux a été engagé par les représentants du personnel pour non respect des procédures de consultation.
- Concentrer sur le plateau de Saclay : un modèle des années 70 !
La vraie Silicon Valley correspond à la moitié de l’Ile de France avec plus de deux millions d’habitants et non à quelques kilomètres carrés sur un plateau ! Et les études récentes montrent que la concentration des chercheurs nuit à la performance et que l’effectif optimum pour les universités de recherche est de l’ordre de 10 000 à 15 000 étudiants (exceptionnellement jusqu’à 30 000) et Paris Saclay veut accueillir 60 000 étudiants !
Ainsi, lorsque les personnels expriment leur désaccord sur le déménagement, ils défendent leurs conditions de vie, de travail, tout autant que leur attachement à faire un travail de qualité, dans l’intérêt général. Ils dénoncent aussi l’absurdité de transferts coûteux, à l’heure où l’Université Paris-Saclay peut se mettre en place avec des entités restant dans leurs localisations actuelles, à l’instar du choix de l’Université d’Evry pourtant futur membre de ne pas déménager de son site actuel d’implantation.
Après la COP 21, comment peut-on persister dans l’idée de déménager des écoles et organismes de recherche tels des pions sur le grand échiquier de l’Ile de France ?
Car les transferts sur Saclay représentent un projet dont l’empreinte écologique sera démesurée : transports quotidiens supplémentaires, production de gaz à effet de serre qui va de pair, disparition de terres agricoles, imperméabilisation de sols, consommations de ressources naturelles non renouvelables (sables notamment) utilisées pour les constructions, productions de déchets à transporter et stocker, etc.
Il faut remettre à plat le projet de déménagement, à l’heure des engagements de la Cop 21, il est temps d’entendre l’avis des gens concernés, salariés d’AgroParisTech qui ne veulent pas déménager et habitants du plateau de Saclay qui ne veulent pas voir sacrifier les terres agricoles du plateau à l’urbanisation prévue par le projet Paris-Saclay.
Pour protéger le patrimoine public, préserver la qualité de la recherche,
AgroParisTech ne doit pas quitter Grignon !