Depuis l’été, la Costif participe à l’organisation de l’accueil des convois venant, à pied, à vélo ou en tracteurs, depuis les territoires en lutte un peu partout en France et qui convergent vers la Région parisienne à l’occasion de la COP 21. Ce vendredi 27 novembre, ils doivent tous se retrouver dans l’Essonne, sur le plateau de Saclay avant de gagner Paris le samedi 28 pour retrouver le grand banquet convivial des territoires qui est prévu à Paris sur la place Denfert-Rochereau.
Mais, du bocage de Notre-Dame-des-Landes aux forêts de Roybon, le gouvernement n’a pas l’intention de laisser contester les projets d’aménagement du territoire qu’il soutient aveuglément au nom de la compétition économique internationale. Dimanche 22, un des convois, venant de l’ouest de la France, s’est ainsi vu signifier par les forces de l’ordre son interdiction d’entrer en Région parisienne. Quant au plateau de Saclay, sur lequel il est prévu d’ériger un cluster technoscientifique qui signera son urbanisation massive, il a été placé par le préfet de l’Essonne sous statut de « zone de sécurité prioritaire » jusqu’au 14 décembre et mis sous haute surveillance, au prétexte, entre autres, de la proximité des installations stratégiques du Commissariat à l’énergie atomique avec le lieu d’accueil des convois. Quiconque devra y justifier de son identité et de la « nécessité » de sa présence aux contrôles des forces de l’ordre.
L’état d’urgence imposé par les terribles attentats du 13 novembre vient donner des ailes aux autorités pour réprimer toute contestation de ses projets mortifères : le 21 novembre, la manifestation des opposants au projet EuropaCity porté par le groupe Auchan – qui va détruire plusieurs centaines d’hectares de terres agricoles du Triangle de Gonesse (Val d’Oise) – a été interdite ; et, cette semaine, c’est donc l’accueil des convois à Saclay qui est remise en cause, avec la mise sous surveillance renforcée du plateau et l’interdiction de la manifestation ralliant Paris.
Mais un formidable travail de désinformation est aussi à l’œuvre : ainsi, lundi 23, la direction d’une grande école partie prenante du projet de cluster a-t-elle fait passer une information à ses salariés, les appelant à signaler « toute action douteuse ou modification notable dans leur paysage habituel » et assimilant les participants aux convois à une menace : « Le Plateau de Saclay sera particulièrement concerné en ce que plusieurs mouvements de contestation ont décidé d’en faire leur base de convergence et de repli, en marge des manifestations parisiennes. Cette contestation peut revêtir des actions violentes et s’enraciner pour une longue durée sur les zones choisies alors appelées « zones à défendre » (ZAD) ». Est-il nécessaire de rappeler qui a fait preuve de violence et qui l’a subie lors de l’opération César en octobre 2012 à Notre-Dame-des-Landes ou lors de l’évacuation de la zad du Testet en octobre 2014 occasionnant la mort de Rémi Fraisse tué par une grenade de la gendarmerie ? Quoi qu’il en soit, strictement rien dans les déclarations des différents convois et des divers collectifs qui les soutiennent ne permet d’affirmer que le plateau de Saclay est appelé à devenir la base arrière d’activistes ultra-violents, ni à devenir une nouvelle « zone à défendre » mais, en ces temps bouleversés, il est très simple de jouer sur les sentiments d’anxiété et de peur de tout un chacun, en entretenant la confusion entre contestataires et terroristes.
Dans cette situation, la Costif dénonce les moyens démesurés et opportunistes ainsi que les manœuvres de désinformation mis en œuvre pour museler toute contestation des projets d’aménagement des territoires – mais aussi toute contestation tout court.
Enfin, elle réaffirme son soutien aux convois et reste déterminée à leur faire le meilleur accueil, convivial et solidaire.