Jean Pierre nous a laissés en chemin, brutalement, un mois après avoir pris sa retraite. Injustice et immense peine.
Jean Pierre était l’un des fondateurs de la COSTIF, quand le FRAP (festival des résistances et alternatives à Paris) s’est invité sur le plateau de Saclay en mai 2012, avec l’espoir de faire converger les résistances des territoires franciliens contre le Grand Paris ; belle initiative que celle de Jean Pierre, Bruno, François et les autres Parisiens qui ont franchi le périphérique pour se retrouver à Palaiseau, (Jean Pierre venait souvent se balader sur le plateau de Saclay) rejoignant nos combats contre le cluster Paris-Saclay (et ceux démarrant contre Europacity) et où nous avons décidé ensemble de créer la COSTIF.
Car Jean Pierre avait une « obsession » la convergence des luttes pour être plus forts ensemble tout autant que pour le plaisir de créer des liens. Nous sommes nombreux et nombreuses à avoir fait un bout de chemin avec Jean Pierre présent depuis toujours dans les combats pour « un monde meilleur » (cf. article de Jean Pierre ci-dessous) avec un vrai bonheur à partager les manif qui laissaient place à la création, l’imagination, la dérision et l’humour.
Un livre va s’écrire avec tous nos témoignages, nos émotions, et les photos de Jean Pierre et ses couvre chefs qui lui donnaient fière allure, ses masques ou costumes de circonstances (skieur contre la piste de ski de Gonesse, papillon lors du carnaval d’Ivry tout récemment etc.).
Jean-Pierre sera là avec nous dès que nous serons tous ensemble.
Texte écrit par Jean Pierre à la fin des années 90.
DEMOCRATIE SOUS INFLUENCE
Nous marchons dans la rue, une ombre se profile au-dessus de nos têtes, ce n’est rien, ce n’est qu’une caméra de vidéosurveillance, Big Brother est la qui s’occupe de nous. A la fin des années 70, quand l‘économisme a pris le pas sur la politique, le mode de vie est devenu consensuel, tout n’était plus que question d’adaptation. Ainsi alors qu’individuellement ou collectivement, tout le monde se débattait par rapport à des enjeux économiques et sociaux, une nouvelle civilisation basée sur le conditionnement a pu se développer. Aujourd’hui, 95% des foyers sont équipés de téléviseurs, nous pouvons accéder à plus de 500 chaines, tout savoir de ce qui passe dans le monde en direct… Monde illusoire de la surinformation puisque plus nous voulons en savoir, plus nous devenons spectateurs passifs de nos vies, « libres » de zapper. Pire, les émissions interactives se multiplient qui nous impliquent directement (reality show, jeux télévisés, talk shows) sans parler des grands événements spectaculaires (guerre du golfe, coupe du monde de foot) qui captent notre attention de gré ou de force. Le plus pervers n’est pas tant dans les émissions politiques mais que le contenu idéologique distillé par le matraquage publicitaire (individualisme, culte de la modernité, consommérisme) qui nous rappelle que tout se vend ( 6000 spots TV par an, 400 OOO panneaux d’affichage). Dans les supermarchés, tout est fait pour orienter nos choix (l’électroménager cher à l’entrée et en général tous les produits onéreux a hauteur des yeux). Grâce a de multiples fichiers, les entreprises de marketing peuvent déceler a l’échelle d’un paté de maison le nombre de personnes qui veulent maigrir et boire de la bière et devancer nos désirs. Tout est ainsi calculé, la société du fast—food est calqué sur les horaires flexibles individualisés correspondant a un univers de communication virtuelle ( internet, portables). Dans l’entreprise, le management cherche à nous inculquer l’état d’esprit maison (cercles de qualité, entretiens individuels). Ainsi se développe la société de contrôle basée sur l’autodiscipline. Pourtant, nous n’avons jamais eu autant les moyens de bien vivre. La redéfinition de la politique est devenue une priorité si nous ne voulons pas être des pions. Avant les festivités de l‘an 2000, il est temps de remplacer le meilleur des mondes par un monde meilleur.
Jean Pierre Petit